lllllllllllllllllaime ma Place avec passion. Je l’aime, comme on aime d'un amour instinctif, profond, invincible. Je l'aime avec tous mes sens, je la vois, je la respire, j’ en écoute les symphonies, les vibrations caressent ma chair avec douceur. Les métaux retentissent sous le soleil, abrités sous un ciel bleu, dans l'air chaud, dans l'air léger des matinées claires. Le métro rythme la vie en fendant l’air d’un sifflement aigu et strident. Vacarme assourdissant qui chasse un silence volatil, animé par la douce atmosphère, ce long serpent pousse son ultime cri vibrant et disparaît tel un oiseau en quête de
nouveauté.

Le calme tente à nouveau d’investir les lieux, l’espace d’un instant. Mais sous ses rails d’acier la Place se mue dans un désordre organisé par différents panneaux lumineux. Un flux de circulation chaotique, un mélange coloré, de femmes, d’enfants, de couples, de personnes âgées, de motos, de voitures, de camionnettes, et autant de véhicules toujours plus gravitants les uns que les autres. Une véritable bataille entre cuirs et cylindrées créant ainsi une atmosphère hostile, oppressante, mais cependant appréciable et intéressante à observer. On peut aussi y voir un authentique concerto,
harmonieusement orchestré, au gré des lumières rouge et verte si différent selon la lumière ambiante.

Chaque jour on peut y observer des scènes exclusives.La plupart des gens ne prennent pas le temps de profiter de ces instants, ils sont trop pressés pour se rendre compte de la beauté qui émerge de cette dualité. Ils ne semblent pas apprécier les grondements des moteurs, pourtant si envoûtant, les freins aigus des vélos tels des grillons les klaxons incessants, les sirènes des camions de pompiers qui viennent compléter cette étrange chorale. Chacun se concentre sur le chemin à parcourir, comme indifférent à ce qui les entoure.

Je ne peux imaginer rester insensible à un tel vacarme, les habitués de ce trafic semblent impassibles, est-ce la conséquence de la routine du quotidien? Je ne sais pas. Pourtant lorsque l’on prend le temps d’apprécier et de ressentir toutes ces vibrations, on entend une véritable symphonie urbaine. Ce n’est pas la seule force de ma Place, elle n’est pas seulement un carrefour géant pour les véhicules et les passants. De l’autre côté, séparé par un magnifique édifice circulaire, trône un long canal proposant un cheminement calme et silencieux. Pour s’y rendre il suffit de traverser cette marée de véhicules. C’est alors qu’en mettant les pieds sur un sol un peu plus souple que je découvre d’où vient ce son rythmé. Effectivement, les pas pressés des passants retentissent malgré la proche présence de tous ces véhicules. Ce n’est qu’une fois le silence installé que je m’en rends compte.
Étrange phénomène. Souvent nous prenons conscience d’un bruit lorsqu’il cesse. Cela me fait penser aux étoiles que
l’on peut observer alors qu’elles se sont éteintes.

Soudain, j’aperçois et distingue un immense fleuve bleu parsemé de nuages blanc teintés de gris. Ici, aucun son ne s’impose, une atmosphère sereine règne, seul le léger bruissement des feuilles vient murmurer à mes oreilles. Puis, lentement, en remontant, j’arrive face à une courbe qui me permet de franchir le quai. En me rapprochant je peux de nouveau entendre mes pas qui font vibrer l’armature métallique du pont, comparable à des mâts de bureau qui s’entrechoquent. Je commence mon ascension, puis, interpellé par le doux sifflement du vent, m’arrête là, au-dessus de cette étendue d’eau, comme pris entre deux entités, figé dans l’espace temps. Me voilà seul, face à ma Place, contemplant la magnifique Rotonde, je me sens bien.


Alllllllllllprès m’être reposé quelques temps chez moi, à Paris, je décide d’enfourcher ma bécane pour rejoindre un ami hospitalisé à Bordeaux. Départ 9h, Place Stalingrad. Déterminer à ne pas perdre de temps, je me dépêche de sortir de Paris, le périph’ est encore blindé bordel! Je déboîte sur la gauche, et c’est partit pour un slalom! Un coup à gauche, un coup à droite, un petit bonjour pour les gens pressés, une petite accélération, enfin ! Me voilà arrivé à l’autoroute. Je vois une voiture en train de s’engager sous la barrière, vite, j’en profite pour lui emboîter le pas ! Et une autoroute de moins, une ! Maintenant on rigole plus, on maintient la gauche, on baisse la tête, le poignet en arrière et «c’eeeeeest» parti ! 11h10, arrivée à Tours, il est temps de refaire le plein. Je m’arrête rapidement pour remplir ma bibine, j’en profite pour m’acheter un casse-dalle et 5min plus tard, me voilà repartit. Je suis dans les temps, tout va bien ! Zig zags, accélération, coup de frein quand un connard de poids lourd double un de ces confrères, nouveau coup de poignet, ça y est la route est dégagée, 130, 140, 150, 170, 180, 200, woouuuuuuh! Ca fait du bien de se sentir libre comme ça, je ne reconnaît plus personne, je me sent… *flash* Merde ! Putain fait chier, c’était quoi ce «flash»! (…) 14h, arrivé à Bordeaux, je me débarque à l’hosto pour prendre des nouvelles de Johnny. L’Hôpital Saint-André dans lequel il est pris en charge. J’arrive sur la place, qu’est-ce qu’on se fait chier ! Oh seigneur ! Il se passe rien, c’est chiant ! C’est quoi cette merde au milieu, ils en ont pas assez avec leur cathédrale juste au bout de la rue ? Bref, je vais pas m’attarder ici, allons voir Johnny.

E- Oh putain la gueule!
J- Quoi ma gueule ?
E- Tu t’es manger une de ces putains de barrières?
J- Ouais…je crois que c’était la dernière Bobby…
E- J’t’interdit de dire ça ! T’es pas une loppette ! Tu vas te battre mon vieux !
J- J’ai bien une idée pour m’aider à garder la foi.

Johnny explique à Bobby sa dernière requête.Plus déterminé que jamais, Bobby empoigna son Harley, et partis exhausser l’ultime voeux de Johnny.
J'
A